De la concurrence dans l’air !

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Air Madagascar n’est plus désormais seul sur le marché du transport aérien. Son monopole est terminé, il faut bien se l’avouer même si c’était déjà effectif depuis plusieurs années. L’arrivée sur le marché de la nouvelle compagnie aérienne Madagasikara Airways fait plus d’un jaloux en cette période de marasme économique et d’incertitude politique. Les uns n’arrivent plus à s’acheter de quoi manger de la journée et attendent impuissants que la faucheuse arrive, les autres ne sont plus en sécurité ni en fuyant les dahalo ni en fuyant les forces de l’ordre. Et il y a ceux qui achètent un avion flambant neuf pour desservir des vols intérieurs.

Les discours de ceux qui ont eu ce privilège à Ivato hier n’ont pas manqué de faire pouffer de rire certains. Ils disaient que l’arrivée sur le marché du transport aérien de cette nouvelle compagnie donnera un nouveau souffle à l’économie malgache en boostant le tourisme. Sic ! Mais quand ils affirment que la nouvelle compagnie emploie 42 employés dont 5 étrangers, l’on se demande bien en quoi cette situation influe de quelque manière que ce soit sur l’économie. Vu qu’au début, cette compagnie va desservir des vols intérieurs comme Antananarivo – Sainte Marie et Antananarivo Toamasina, le doute est légitime quand à son apport réel au développement du tourisme à Madagascar qui compte 6 provinces, une vingtaine de régions, une centaine de districts et un millier de communes.

A qui profite cet investissement d’une somme colossale ? Tout le monde connait la réponse. Il n’est pas donné à tout un chacun de profiter de la naissance de cette compagnie vu le pouvoir d’achat de chaque ménage. Qui prendra l’avion pour quitter Tanà et passer des vacances à Toamasina lorsqu’on sait que les frais du transport terrestre coûte la modique somme d’environ 100 000 Fmg, au plus  150 000 Fmg ? Seule une poignée d’individu pourra s’offrir ce luxe tout comme ils seront moins nombreux à tirer profit de cette compagnie aérienne.

Ceci étant, c’est Air Madagascar qui devra se faire du mouron face à l’incursion des compagnies aériennes actuellement. Il y a de la concurrence dans l’air, il est temps de se le dire en face. Les publicités des compagnies aériennes étrangères dans le pays s’accentuent de plus en plus si l’on ne cite que Kenya Airways, Air Mauritius et Air Seychelles. Mais les quelques usagers du service public du transport aérien ont déjà leurs habitudes en prenant Corsair, Air Austral ou Air France. Le nouveau patron de la compagnie aérienne nationale malgache a du pain sur la planche en vue de son redressement pour ne pas dire que c’est une mission impossible. Apporter des changements significatifs et des réformes draconiennes dans des sociétés d’Etat malgache gangrenées par la corruption et le favoritisme est non seulement un travail titanesque mais aussi herculéen.