Une seule issue

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Tandis que la population s’enlise de plus en plus dans la misère et la pauvreté, que la situation sociale se détériore chaque jour davantage, les magouilles et les affaires louches rapportant des millions à quelques individus semblant jouir d’une protection en haut lieu, prospèrent de plus en plus. Cela dit, les zones d’ombre se font de plus en plus rares et les larcins, même les mieux cachés, se dévoilent, provoquant une montée en puissance de la frustration et de la colère au niveau de la population. Un ressentiment qu’elle a de moins en moins du mal à contenir.

La semaine écoulée, l’interception  par la police nationale de 131 sacs contenant du cannabis à Ihosy a défrayé la chronique. La quantité impressionnante de ces stupéfiants en elle-même est assez hors du commun, mais la personnalité du propriétaire du véhicule qui a servi à leur transport a définitivement hissé l’information au rang de scoop. En effet, quelques heures après la saisie, l’information a circulé en un rien de temps sur la toile, notamment les réseaux sociaux tels que facebook avec photos à l’appui. Quelqu’un s’est bien fait un devoir d’effacer les photos sitôt qu’elles aient été publiées, mais ceci n’a pas empêché un téléchargement et un partage de l’information à l’infini. Ces mêmes sources ont ainsi montré du doigt un ministre du gouvernement actuel qui serait derrière ce trafic à grande échelle, le véhicule ayant servi au transport de cette impressionnante cargaison lui aurait appartenu. Sitôt après les faits, les « pompiers » sont venus à la rescousse, un parlementaire issu de la région sud n’a pas hésité à sacrifier un de ses assistants parlementaires : ce dernier serait le cerveau qui a orchestré tout le trafic. Les observateurs se demandent d’ailleurs comment un assistant parlementaire aurait pu organiser, à lui seul une telle affaire, collecter une telle quantité de cannabis, utiliser le véhicule d’un notable, tout ceci à l’insu de la personnalité en question. Il est clair que comme à l’accoutumée, quelqu’un a servi de bouc émissaire dans cette affaire afin que le « patron » reste bien à l’abri et échappe à la loi, libre de fomenter mensonge et corruption en toute impunité.

Ce régime se distingue toujours par le non respect de la loi  de ses partisans et proches collaborateurs. Trafics de cannabis de plus d’une tonne, vol de cristal de près de 12 tonnes, entrée en force dans une carrière appartenant à autrui avec mort d’homme, -une affaire dans le cadre de laquelle le fils du Président a été nommé -, trafic de bois de rose, blanchiment d’argent dans la filière vanille, détournement de subventions destinées à différentes communes, détournements de deniers publics, favoritisme et copinage dans des concours administratifs, la liste n’est pas exhaustive. Les informations arrivent au compte goutte, des fois elles ne tombent même pas comme c’est le cas actuellement par rapport au nom du propriétaire des voitures 4/4 ayant servi au transport du cannabis. L’information est jalousement détenue par la police, la justice et le centre d’immatriculation. Rien ne filtre. Alors si par mégarde un journaliste se hasarde à prononcer un nom, il risque de croupir dans les couloirs d’Antanimora pour un bout de temps comme ce fut le cas de deux journalistes de presse écrite au début de ce régime. Une situation en contradiction à ce qui a été dit en boucle lors de la récente célébration de la journée mondiale de la liberté de presse axée sur l’accès à l’information qui est un droit et non une faveur.

La situation révolte de plus en plus la population qui  elle, doit subir la loi dans toute l’étendue de sa rigueur. Nombre de citoyens croupissent en prison pour avoir volé de quoi manger, parce que la nécessité les y a contraints alors que des trafiquants à grande échelle continuent de passer à travers les mailles du filet. Une injustice à laquelle s’ajoutent la corruption, l’inflation galopante, les délestages, l’insécurité rurale et urbaine et qui arrivent à bout de la patience légendaire des Malgaches. En effet, dernièrement, on constate une montée en puissance des manifestations populaires que ce soit pour se révolter contre la pause de pylônes, le délestage ou autres faits sociaux qui minent le quotidien des Malgaches. Autant de sons de cloches qui retentissent et qui devraient alerter les dirigeants. Mais au lieu de s’en inquiéter, ces derniers semblent s’amuser à jeter encore plus d’huile sur le feu. Face à cette situation de plus en plus insoutenable, il n’y a qu’une seule issue, une seule porte de sortie qui s’ouvre aux dirigeants : la démission aux fins d’organisation d’une présidentielle anticipée.