Gagner du temps

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Un toilettage de la Constitution se profile suite aux déclarations du Premier ministre selon lesquelles plusieurs points doivent être revus. La disposition constitutionnelle portant sur la nécessité, pour le chef de l’Etat de démissionner deux mois avant la tenue des élections, s’il se porte candidat semble la première concernée. De son côté, la CENI, demande un long délai après l’annonce de la date officielle de l’élection présidentielle par le gouvernement, pour préparer les élections. En d’autres termes, la stratégie pour le régime actuel, est de gagner du temps par tous les moyens.

La stratégie pour le régime actuel est désormais claire. Il veut par tous les moyens repousser la date de l’élection présidentielle. Force est en effet de constater que le pouvoir en place cherche actuellement les moyens non seulement de soutenir la candidature du Président actuel mais aussi de le maintenir en fonction pendant l’organisation de l’élection. Selon l’article 46 de la Constitution, un Président en exercice doit démissionner deux mois avant la tenue du scrutin s’il désire se porter candidat à sa propre succession, le Président du Sénat assurant alors son intérim. C’est cet article que le régime veut modifier. L’article 161 de la Constitution stipule par ailleurs qu’aucune révision de la Constitution ne peut être initiée sauf en cas de nécessité jugée impérieuse. En ce qui les concerne, aussi bien les partis politiques que la société civile ont confirmé dans leurs propositions qu’il n’était pas question de modifier la Constitution dans le cadre de l’amélioration du code électoral.

Or, le chef de l’Etat a, lors de sa visite en Grande Bretagne, affirmé aux journalistes que les négociations concernant des modifications constitutionnelles étaient en cours et qu’elles seraient soumises à référendum. Que fait la Haute Cour Constitutionnelle devant cette velléité de modifier la Constitution ? Quels critères font d’une situation, une nécessité impérieuse ? Comment va-t-elle jugée que la situation est impérieuse ? Comment la HCC va-t-elle en faire une nécessité impérieuse pour laisser au Président de la République l’initiative d’un toilettage comme le prévoit la Constitution ? Pourquoi ne veut-on pas laisser le Président du Sénat assurer l’intérim comme le stipule la Constitution ?

Tout est actuellement mis en œuvre pour reporter la date de l’élection présidentielle prévue en 2018 et attendue par tous les partis politiques. De son côté, la CENI demande 363 jours après l’officialisation de la date de la tenue de l’élection pour en assurer la préparation.

En résumé, le code électoral doit être adopté lors de la deuxième session ordinaire du Parlement en octobre. La CENI sera prête un an après l’officialisation de la date de l’élection par le gouvernement. Un référendum est aussi prévu après le toilettage de la Constitution. Conclusion : l’élection présidentielle tant attendue par tous ceux qui veulent voir  la population sortir de cette pauvreté extrême qui mine le pays risque de ne pas avoir lieu en 2018 à cause de toutes ces manipulations et manœuvres bassement politiciennes.