Impunité

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L’affaire Nivo Ratiarison remet sur le tapis le problème de lutte contre l’impunité dans le pays. Jusque là, les efforts menés dans ce sens tendent presque, exclusivement, vers la mise en place d’institutions spécialisées.  Malgré l’existence de telles institutions, on en est toujours au même point. Pire, le problème tend à gagner en intensité.

L’affaire mettant en cause de Nivo Ratiarison, le directeur de cabinet du ministre de la communication, remet en scène le problème de l’impunité dans la sphère politique malgache. A-t-il agi tout seul ? Ses complices se trouvent-ils dans la sphère du dessous ? Y-a-t-il un ou plusieurs complices dans la sphère d’en haut ? De telles questions se posent… Comme pour nombre d’affaires du genre qui ne se sont pas soldées par une négociation au noir, il  semble qu’on en met un sur la sellette, pour que les autres, généralement ceux qui sont plus haut dans la chaine, ne soient pas inquiétés. L’éternelle anecdote du Bianco qui a du mal à mettre la main sur les gros poissons et qui est devenu au cours du temps, un organe spécialisé dans la poursuite des petits poissons, est une fois de plus d’actualité.

Force est de constater à chaque fois que les institutions chargées de ces ‘crimes spéciaux’, comme la chaîne pénale anti-corruption, le Samifin, peinent à remonter plus haut  et se contentent de l’arrestation des exécutants pour clore le dossier. A titre d’exemple, pour ne pas remonter trop loin dans le temps,  l’enquête sur le bois de rose. Des noms ont été cités, des organisations et entreprises ont été listées, mais pour la suite, silence radio. On attend encore les arrestations, on attend encore de savoir quels gros bonnets  se cachent derrière ce trafic, mais on risque d’attendre encore longtemps. Pendant ce temps, le trafic de  bois de rose continue, en silence…

La mise en place d’organes spécialisés dans la lutte contre les différents trafics apparait ainsi comme un artifice destiné à donner aux  dirigeants une image d’honorabilité dans leur volonté factice de combattre le crime et la corruption. Un faux semblant trahi par le manque de résultat positif des enquêtes et des  arrestations. Il ne faut pas être un génie pour voir que les affaires de  corruption et les affaires au noir impliquant de hauts responsables du régime  foisonnent.

Le système actuel semble favoriser  les magouilles dans les hautes sphères, en rassurant les cerveaux des opérations qu’ils n’auront jamais à s’inquiéter tant que d’autres têtes au plus bas de l’échelle peuvent être sacrifiées. Il est clair d’ailleurs que ce ne sera pas durant le règne du président Rajaonarimampianina que l’on verra la fin de ce cycle d’impunité des grands de ce pays. Des tentatives ont bien été menées. Il en est ainsi de ce projet de loi créant une cour spéciale en matière de délinquance économique, financière et fiscale. Mais comme la période couverte va de la période de 2002 jusqu’ à la fin de la transition, les dirigeants actuels ont toute latitude pour abuser. Et même si les institutions comme la HCJ sont mises en place, le risque est de voir les mêmes schémas que pour le Bianco ou le Samifin se répéter vu que le problème vient d’un manque de volonté politique en haut lieu.

 Le Président a failli à ses engagements. Ses promesses d’assainissement, de Refondation et de réformes en profondeur de l’Administration Publique et de l’économie restent des déclarations d’intention mais ne sont pas palpables dans la réalité, martèle le MMF ou mouvement pour la refondation de Madagascar. Ce dernier insiste sur le fait  que le Président Hery Rajaonarimampianina n’est plus en mesure d’assumer sa fonction Présidentielle et exige  sa démission immédiate, pour avancer vers une Refondation effective du système, accompagnée d’une élection juste et équitable au cours de laquelle un candidat mieux préparé à cette fonction hautement sacrée, pourra faire valider son projet de société par le peuple malgache.