Le plastique de la discorde

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La polémique autour de l’interdiction de l’usage des sacs en plastique continue d’enfler actuellement. Une incompréhension autour de l’interdiction planait dès le départ parce les gens pensaient que l’interdiction portait sur tous les sachets en plastique sans distinction de taille ni de genre. Or, l’interdiction ne concerne en fait que les sacs au-dessous de 50 microns, dans le langage courant il s’agit des plus petits sacs en plastique, ceux que l’on utilise le plus fréquemment, qui sont très fins et qui polluent les rues parce qu’on les jette juste après une seule utilisation.
Les gros sacs noirs plus épais, qu’on achète à 300 et 400 Ariary et que l’on ne jette qu’après plusieurs usages, eux ne sont pas frappés par l’interdiction. Donc, anticipant le mouvement, certaines entreprises fabricant ces sachets ont arrêté de produire les sacs incriminés depuis la sortie du décret. Cependant, il y en a d’autres qui ont continué à produire et qui invoquent maintenant la liquidation de stocks pour contredire l’interdiction.
Le plus frappant dans l’histoire c’est que l’interdiction au final produit pas mal d’avantages pour ceux qui savent y trouver leurs comptes. Pour ces entreprises qui n’ont pas pris le décret au sérieux et qui ont continué à produire les sacs frappés de l’interdiction, l’application du décret est le prétexte rêvé pour mettre des employés à la rue.
C’est ainsi que 60% de l’effectif d’une société fabriquant des articles en plastique ont été remerciés au nom de ce décret. Bien entendu, les employés ont été bien renseignés. Ils ont même été conseillés sur ce qu’il fallait dire et qui incriminer. Ils se sont amassés devant la porte de l’usine pour contester et pour faire entendre leur voix.
D’autres opportunistes qui ne se cachent pas, sont les marchands eux-mêmes. Ayant l’habitude de se servir des petits sacs désormais interdits, ils opposent à leurs clients l’existence de l’interdiction pour refuser d’emballer leur marchandise en-dessous d’une certaine valeur qui reste à déterminer. Certains se débrouillent comme ils peuvent, mais d’autres dédaignent tout bonnement les consommateurs comme si ces derniers étaient à l’origine de leur malheur.
Ainsi au final, ce sont bien les clients qui se trouvent mal dans cette histoire. Au moins il reste cet intarissable stock que l’on continue d’utiliser encore car loin de la vigilance du ministère concerné, le petit sac en plastique s’utilise encore couramment, comme si cette interdiction n’avait jamais existé. L’habitude a la vie dure et faute d’alternative, ces sacs ont encore de beaux jours devant eux.