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Manque de transparence

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Manque de transparence

Un manque de transparence notoire. C’est ce qui caractérise actuellement l’affaire Claudine Razaimamonjy. L’exécutif n’a jusqu’à maintenant manifesté aucune volonté de faire la lumière sur cette affaire. Le pouvoir judiciaire entretient l’opacité. Seuls les syndicats se battent actuellement pour essayer d’y voir plus clair. La transparence est pourtant essentielle dans un Etat de droit qui se veut démocratique.

L’affaire Claudine Razaimamonjy reste jusqu’à maintenant nébuleuse. Le pouvoir exécutif ne fait rien pour informer l’opinion publique. Au contraire, tout est fait pour cacher tout ce qui peut être caché pour la simple raison que derrière ce cas Claudine Razaimamonjy, il y a un problème de gros sous qui implique  de loin ou de près plusieurs personnalités. Par conséquent, tout est opaque, personne ne veut jouer la carte de la transparence, question de se protéger les uns les autres.

Pourquoi le sénateur Riana Andriamandavy a-t-il empêché le Parquet de vérifier la présence de Claudine Razaimamonjy à l’hôpital HJRA ? Ce fait est surprenant et laisse entendre qu’elle n’est plus à l’hôpital. Mais bien avant ce fait, le comportement de certains responsables de la Maison centrale d’Antanimora intrigue aussi. Celui du chef d’établissement d’abord. Pourquoi n’a-t-il pas expliqué à l’opinion publique les raisons pour lesquelles Claudine Razaimamonjy devait avant toute autre action, être incarcérée suite à la décision du juge de la Chaîne pénale anti-corruption ? Pourquoi le médecin chef de la prison d’Antanimora n’a-t-il pas expliqué que Claudine Razaimamonjy devait d’abord obtenir son aval avant d’être évacué à Maurice,  et tenir compte de ses conclusions après son évacuation sanitaire à Maurice ? Compte tenu de l’existence d’une hiérarchie  au niveau du ministère de la justice, ces responsables auraient pu ne pas obtenir l’autorisation de s’exprimer ou auraient pu subir des pressions de leurs supérieurs hiérarchiques pour se taire. Mais pas une seule fois/ la voix de la conscience ne les a-t-elle pas rappelés à l’ordre. Car, dans cette affaire, c’est la raison d’être de leur fonction qui est en jeu. Si le pouvoir exécutif ne respecte pas leurs fonctions, personne ne les respectera et ils seront à la merci de n’importe quel responsable étatique.

Il est aussi question de l’implication de la Procureure de la République. Mais à ce sujet, on ne souffle mot non plus. On parle aujourd’hui de son affectation mais dans les coulisses du Conseil supérieur de la Magistrature, on chuchote que la nomination de son remplaçant  pose problème.

Le pouvoir exécutif règne en maître dans le pays. Il n’y a eu aucune sanction contre les ministres impliqués dans cette affaire notamment le ministre de la justice, le premier ministre, ministre de l’intérieur, le ministre de la santé, le ministre de la sécurité publique. Force est aussi de constater qu’il n’y a eu aucune prise de responsabilité du côté du pouvoir législatif censé contrôler le pouvoir exécutif. Pourquoi ne parle-t-on pas d’enquête parlementaire ? Ces ministres  ont-ils reçu des demandes d’explications ? Seront-ils interpellés par les députés lors de la première session ordinaire de l’assemblée nationale qui s’ouvre ce mardi ?

Alors que tout le monde reste dans l’expectative d’une plus grande transparence dans l’affaire Claudine Razaimamonjy, on s’interroge aussi sur la signature par l’Union européenne de quatre conventions de financement d’un montant total de 122 millions d’euros (soit environ 415 milliards ariary) dont une convention portant sur l’appui budgétaire au titre de l’exercice 2017.  Quel message l’Union européenne veut-elle transmettre à l’opinion publique par ce geste ? Cela veut-il dire qu’elle veut ignorer les détournements de fonds qui ont été faits par Claudine Razaimamonjy et certains ministères sous couvert de construction d’infrastructures destinées à la population ? Même si le déblocage des fonds n’est pas encore effectif, le contexte actuel pour lequel l’opinion publique exige plus de transparence est-il le moment opportun pour la signature d’une aide budgétaire ? Par ces dettes que les générations futures auront encore à supporter, les bailleurs de fonds veulent-ils réellement œuvrer pour un développement véritable du pays vu qu’ils ferment les yeux sur les agissements des dirigeants et que la lutte contre la corruption reste encore un vain mot ?  Ces questions sont légitimes dans la situation qui prévaut.

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