Les tenants du régime ont failli aux promesses qu’ils ont faites à la population. C’est l’une des raisons qui a motivé le parti MMM à se constituer officiellement en opposition. Le statut d’opposant est prévu par une loi spécifique et est garanti par la Constitution. La suite nous dira si le régime se conformera à la loi et accordera à l’opposition la place qu’elle doit occuper.
Le régime Rajaonarimampianina fêtera bientôt ses trois années. Trois années au cours desquelles, l’occasion lui a été donnée de faire ses preuves en sortant le pays du marasme de cinq années de crise politique. Malgré les doutes sur le caractère démocratique des élections qui a conduit Hery Rajaonarimampianina à la Magistrature suprême, la couleuvre a été avalée et tout le monde s’est bien gardé de mettre des bâtons dans les roues du nouveau tenant du pouvoir. L’intérêt de la nation primant sur tout, il fallait laisser le régime travailler librement.
Force est toutefois de constater qu’au bout de toutes ces années au pouvoir, aucune évolution dans le sens du mieux ne se profile à l’horizon. Au contraire, le pays semble s’enliser de plus en plus dans la misère, la pauvreté et l’insécurité dans tous ses états.
La coupe débordant, le parti MMM, Malagasy Miara Miainga, ne pouvait plus se permettre de regarder sans rien faire. La tentative de coopération avec le régime a échoué, les suggestions avancées pour un redressement de la situation ont été ignorées. Le MMM a donc pris le taureau par les cornes en occupant officiellement la place trop longtemps vacante de l’opposition.
Il ne s’agit pourtant pas là d’un dictat. La décision a été prise a l’unanimité des membres et validée par la structure suprême du parti: le congrès national. Soucieux du fait que le respect de la démocratie commence au sein du parti lui même, les membres du parti ont tenu à ce que la décision soit prise dans le respect des règles et des lois en vigueur au sein du parti et du pays.
La constitution officielle d’un parti d’opposition est bénéfique à bien des égards. C’est un souffle nouveau pour une plus grande effectivité de la démocratie à Madagascar. De même, elle permet un positionnement clair au sein du Parlement. Désormais, il doit être possible de déterminer qui sont les parlementaires de l’opposition et lesquels sont ceux du camp adverse. Fini le double jeu de la géométrie variable. Les girouettes politiques seront mises à nu. En outre, le débat démocratique entre ceux qui soutiennent et ceux qui s’opposent au pouvoir pourra enfin avoir lieu. De ce fait, le pays ne sera plus sous la coupe de la pensée unique du seul pouvoir dirigeant. Pour bien d’autres raisons encore, la constitution claire d’un parti de l’opposition ne pourra que faire avancer le débat vers un développement effectif dans le pays. On ose ainsi espérer que le régime actuel sera suffisamment fair play pour laisser l’opposition occuper sa place.