Péril en la demeure

0

Le gouvernement s’avance de plus en plus inexorablement vers un terrain miné. La dernière action entreprise par le régime Rajaonarimampianina s’apparente clairement à une tentative de museler la population. Lorsque le gouvernement estime nécessaire l’envoi d’une horde de policiers armes pour mettre fin à un mouvement pacifique, tel que celui initié par le Mitsangana ry Malagasy  au stade couvert de Mahamasina samedi, c’est qu’il y a vraiment péril en la demeure.

Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un mouvement pacifique, une recherche de solution aux problèmes qui minent le pays, une main tendue pour démêler une situation qui se complique de jour en jour. C’est du moins ce que le mouvement Mitsangana ry Malagasy et le MMF ont cherché à faire samedi à Mahamasina. Une initiative qui a reçu l’aval officiel des autorités compétentes mais qui a été annulée à la dernière minute pour des raisons inexpliquées. Il est clair que submergé par une situation dont le contrôle lui échappe totalement, le régime Rajaonarimampianina fait usage de  violence en guise d’alternative. Les éléments des forces de l’ordre sont devenus le rouleau compresseur du gouvernement sur une population qu’ils sont censés protéger.

Le choix de l’endroit,  en plein milieu de la capitale et qui aurait pu  rameuter beaucoup de monde, écœuré par le contexte sociopolitique et économique actuel, explique sans doute ce revirement. Les leaders du MMF et du Mitsangana ry Malagasy n’entendent pas pour autant en démordre. Les multiples arrestations, séquestrations ainsi que toutes les formes d’intimidations lancées contre des politiciens de l’opposition récemment n’y feront rien. C’est dans cet esprit pacifique mais déterminé que les membres du Mitsangana ry Malagasy et du MMF se sont rendus à Mahamasina sans qu’il y ait eu pour autant un affrontement avec des éléments des forces de l’ordre prêtes a l’assaut.

De tels agissements de la part du pouvoir ne font qu’envenimer la situation car au même titre que l’insécurité grandissante, cela ne fait qu’exacerber la grogne de la population.

Il est clair au moins que le régime actuel ne fait pas grand cas de l’approche privilégiant le dialogue et  la discussion pour résoudre les problèmes. Il préfère de loin la violence et l’intimidation pour se maintenir en place contre vents et marées. En agissant ainsi, il ne fait qu’alimenter une spirale de violence qui ne manquera pas de s’amplifier chaque jour davantage.

L’acharnement du régime contre les membres de l’opposition ne peut que renforcer son image d’État policier, aux antipodes des valeurs démocratiques que nous nous targuons de respecter. Persister dans cette voie lui vaudra de perdre toute crédibilité non seulement aux yeux de la population mais aussi aux yeux de nos partenaires étrangers. Après tout, que peut- on attendre d’un État qui ne tient pas parole et qui fait la chasse à tous ceux qui ne partagent pas ses opinions ?

L’Histoire de ce pays nous a appris que quiconque a fait usage de violence pour contrôler les mouvements de  contestation a été éjecté tout aussi violemment de son siège. Une règle générale à laquelle aucun n’a échappé : depuis le  feu Président Philibert Tsiranana jusqu’ à l’ancien Président Ravalomanana. La seule différence et  le seul avantage du Président actuel est qu’il lui reste  une porte de sortie honorable : démissionner pour permettre à une nouvelle élection de se tenir. Mais encore faut- il qu’il veuille la prendre…