Réticences

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Depuis près d’un mois, le parti MMM a officialisé son intention de se constituer en parti d’opposition et a entamé les démarches légales à cet effet. Ce n’est que depuis peu que la lettre y afférente a été transmise à la HCC. Pourquoi l’Assemblée nationale a-t-elle traîné les pieds ? 

Selon les dispositions de l’article 14 de la Constitution, toute personne a le droit de constituer librement des associations sous réserve de se conformer à la loi. Ce même droit est reconnu pour la création de partis politiques. La création de partis politiques est renforcée par le fait que la Constitution garantit le droit d’opposition démocratique. Or, cela fait un mois que le parti MMM a déposé auprès du président de l’Assemblée nationale, la lettre qui officialise son statut d’opposant. Pendant presqu’un mois, cette lettre est restée dans le tiroir du président de l’Assemblée nationale alors que celui-ci devait la transmettre à la HCC pour constatation. Ce n’est qu’ après que le président national du parti Hajo Andrianainarivelo se soit personnellement déplacé à Tsimbazaza que la lettre en question a quitté les lieux.

Pour les analystes politiques, cette attitude traduit l’appréhension du parti au pouvoir de l’institution d’une opposition. En effet, depuis le début de leur règne, le HVM et ses alliés politiques ont été les seuls à mener la barque avec le résultat que l’on connait. Habitué à faire taire ses adversaires par des manœuvres politiciennes peu orthodoxes telles que pressions, attributions de mallettes et nominations à de hautes fonctions de l’Etat, le parti au pouvoir ne semble pas disposé à entendre une voix dissidente, encore moins à souffrir que celle-ci ait un statut officiel. Un parti d’opposition officiellement constitué contribuera à favoriser un jeu démocratique, un débat contradictoire, une alternative démocratique. C’est dire qu’il représente tout ce dont la population a besoin actuellement car elle sera ainsi au courant de tout ce qui se passe au sein du pouvoir, ce qui la poussera à faire un choix responsable lorsqu’elle sera amenée à se rendre aux urnes. Autant de raisons qui expliquent la réticence de certains à voir un tel parti se constituer légalement.

Les yeux de la population et des observateurs de la vie politique sont maintenant rivés sur la HCC. Celle-ci n’aura pas à faire d’interprétation ni d’appréciation. Elle aura juste à constater la conformité de la constitution de cette opposition aux dispositions constitutionnelles. La HCC  jouera-t-elle à fond son rôle de gardienne de la Constitution ? L’avenir nous le dira…