Sefafi

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Sefafi

Langue malgache et francophonie. Tel est l’intitulé du dernier communiqué de l’observatoire de la vie publique, à quelques semaines de l’ouverture du sommet de la francophonie. Le Sefafi pose des questions sur les contreparties que nous pouvons obtenir ainsi que le rôle joué par la francophonie dans notre pays.

 Il suffit de voir la réalité dans le pays, notamment dans la capitale, pour conclure que le scepticisme est général à quelques semaines de l’ouverture du sommet de la francophonie. Pour le Sefafi, les autorités sont occupées à prétendre que tout va bien et installent le décorum qui jettera la poudre aux yeux des chefs d’Etat invités.  Mais elles gardent un silence épais sur le budget officiel alloué à cette manifestation et sur les contrats partenariats publics privés conclus dans le cadre des Projets présidentiels, en dépit des multiples demandes émanant de la société civile. Une chose est sûre avance le Sefafi,  nous le paierons très cher, ce sommet, et pas seulement en termes de coût matériel, financier ou économique.

Mais à quoi sert-il d’avoir des jeunes qui parlent à peine le français et s’expriment mal en malgache ? Le fort taux d’abandon scolaire entre le primaire et le secondaire ne pourrait-il pas s’expliquer par le fait que les élèves ne s’identifient pas à ce qu’ils apprennent ? ou qu’ils ne comprennent pas la langue et le dialecte dans lesquels on leur transmet les connaissances censées les instruire ?

Un choix devra donc être fait, auquel les responsables se sont refusés depuis des décennies. Le Sefafi propose qu’après un début de scolarité en malgache, en précisant sa forme dialectale, il conviendrait de renforcer le français, là où c’est possible sans nuire à la scolarité en malgache, et de privilégier une autre langue de communication internationale, anglais, chinois, arabe ou espagnol pendant le secondaire, pour que les élèves maîtrisent effectivement le français et une deuxième langue internationale. Et tout cela, en élaborant des manuels adaptés et en formant des enseignants compétents. Il ne suffira pas de décider dans l’abstrait, comme il est d’usage chez nous, sans se préoccuper du suivi pendant les décennies à venir…

La francophonie peut-elle y aider ? Il est important de noter la dimension géopolitique majeure de la francophonie, la langue française ne pouvant être réduite à son aspect purement linguistique et ne pouvant être culturellement ou politiquement neutre, notamment en Afrique et à Madagascar. C’est aussi une machine institutionnelle qui, au-delà de l’OIF, regroupe entre autres le Sommet des chefs d’État et de gouvernement, le Secrétariat général de la Francophonie, l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Association Internationale des Maires Francophones. Elle dispose en outre d’un média officiel, TV5 Monde, qui, au-delà de l’information, véhicule des valeurs, des façons de penser et des modes de vie occidentaux.

 La question qu’on devrait peut-être se poser est alors de savoir comment l’accueil du sommet de la Francophonie explique, clarifie et énonce ce que nous voulons. Quelle langue utiliser au quotidien, à l’école et au bureau ? Quelle politique linguistique appliquer ? Le fait de célébrer la langue malgache chaque année, de façon plutôt superficielle, ne suffit pas pour rassurer sur la santé de notre langue maternelle. Et pas davantage des réformes cosmétiques telles que l’instauration de trois nouveaux cycles de trois ans pour remplacer les deux cycles actuels de 5 et 4 ans : cette réforme de façade amusera la galerie tout en compliquant la vie des écoles, mais ne résoudra en rien les vrais problèmes de l’éducation nationale. La réflexion doit suivre son cours, mais rapidement et surtout durablement, car il y a péril en la demeure. Voulons-nous, oui ou non, demeurer francophones ? Il faut en mesurer les enjeux et les impacts socioéconomiques, culturels et politiques ; en un mot, en débattre, en discuter, en parler, et non pas éviter indéfiniment ce sujet brûlant pour ne s’intéresser qu’aux fastes et aux réjouissances à venir. Pourquoi ne pas profiter du sommet de la Francophonie pour en discuter directement avec les instances concernées ? Cela permettra de trouver une certaine utilité à un évènement à propos duquel aucun citoyen n’a été consulté.

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