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Francophonie : les raisons de la méfiance

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Francophonie : les raisons de la méfiance

Les rideaux sont tombés sur le XVIème sommet de la francophonie qui s’est tenu à Antananarivo. Du début jusqu’à sa fin, le sommet de la francophonie aura fait l’objet d’un accueil plus que mitigé de la part de la population.  L’habituel manque de transparence des gouvernants, les cachoteries sur l’origine des fonds ainsi que sur leur utilisation sont autant de raisons qui ont suscité la méfiance.

Des milliards d’ Ariary ont été investis dans la préparation et l’accueil d’un sommet qui n’aura duré qu’une semaine dans la Grande Ile. De l’argent dont nombre d’enfants malgaches ne verront jamais la couleur même en travaillant toute une vie. Rien que le diner officiel de la francophonie a coûte 297 milliards d’ Ariary, alors que des milliers de Malgaches  doivent trouver leur pitance dans les ordures tandis que des milliers d’autres périssent à cause de la famine dans le sud. Quelques 107 marchés publics auraient été passés représentant la coquette somme de 25,6 milliards d’Ariary, en dehors des infrastructures routières et autres gros travaux entrepris pour les besoins du sommet. Des prestations de consultance pluridisciplinaire qui ont couté 2milliards d’Ariary, des fournitures pour sept antennes médicales, spécialement mises sur pied pour l’occasion et qui ont coûté deux autres milliards alors que nous connaissons tous l’état de nos hôpitaux publics, ayant la triste réputation d’être des mouroirs pour ceux qui ont le malheur d’y atterrir.

Faut-il vraiment s’étonner si ce sommet a été accueilli avec rancœur, voire avec colère par la majorité de la population? Ce n’est pas tant la francophonie en elle même que les gens n’approuvent pas, c’est plutôt tout le mystère dont on l’entoure et toutes ces dépenses exorbitantes qu’ils ont du mal à comprendre. Leur interprétation de la situation a été simple : les dirigeants peuvent faire des miracles pour les choses qui leur tiennent à cœur alors qu’ils  rechignent à débourser le moindre centime pour faire réparer une portion de route qui fait souffrir la population pendant la saison des pluies. Faut-il tout bonnement en conclure que la population ne mérite pas autant d’attentions et de telles dépenses aux yeux des gouvernants malgaches?

Des associations de la société civile n’ont pas caché leur scepticisme concernant le nombre de marchés publics passés dans le cadre de la préparation de ce sommet. De nombreux marchés qui ont coûté des milliards et des milliards mais qui ont été contractés dans la plus grande opacité. Des marchés attribués de façon peu conventionnelle qui n’est pas sans rappeler les habitudes des tenants du régime. Alors que le sommet touche à sa fin,  une autre question vient à l’esprit du contribuable: qu’adviendra t-il de toutes ces infrastructures et de tous ces biens acquis pour l’accueil de ce sommet? Vont-ils profiter à ceux que l’on a saigné pour les obtenir ou bien vont-ils  s’évanouir dans la nature comme toutes les choses qui ont, un tant soit peu, de valeur dans ce pays?

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