Bâillonner l’opposition

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Comme il fallait s’y attendre, la HCC a émis une décision refusant le statut de l’opposition au parti Malagasy Miara Miainga. Cette décision  répond visiblement aux attentes de l’exécutif qui fait montre d’une réticence avérée envers la mise en place d’une opposition officielle. Une décision qui renie l’existence de la séparation des pouvoirs et de la démocratie à Madagascar

La décision était prévisible. Pour la énième fois en effet,  la HCC et les juges qui y siègent, ont émis  un jugement allant dans le sens  des attentes de l’exécutif et allant à l’encontre de l’existence de la séparation des pouvoirs. La décision émise par la HCC laisse transparaître une absence d’indépendance, dénuée  de toute interférence. Dans cette décision avec pas moins de 29 considérants, la HCC vient une fois de plus de servir le pouvoir exécutif. A grands renforts d’arguties juridiques, la HCC estime que la loi sur le statut de l’opposition comporte des lacunes et des insuffisances qui ne permettent pas présentement de procéder à la désignation du chef de l’opposition à l’Assemblée nationale. On retiendra surtout qu’il n’y aura donc pas de parti d’opposition officiel. Ou simplement qu’on refuse ce statut au parti MMM, bien qu’il compte de nombreux députés à l’Assemblée nationale.

Mais que l’on ne s’étonne pas sous peu de voir que les lacunes et insuffisances dont souffre la loi sur le statut de l’opposition sont renflouées comme par magie et qu’un autre parti revendique le statut de l’opposition. Que sa demande soit acceptée pour que naisse une opposition officielle contrôlée par le régime en place . Nous vivons en effet dans un monde où ce genre de miracle se produit tous les jours et où tout est possible lorsque cela sert les intérêts du pouvoir.

Il est clair et avéré désormais que malgré les discours sur la nécessité de mettre en place une opposition pour un meilleur équilibre des pouvoirs, le régime actuel n’entend pas permettre un jeu démocratique qui échappe à son contrôle compte tenu de l’importance des enjeux. En effet, si on laissait le peuple s’exprimer librement, si le jeu n’est pas faussé, il est certain que le régime Rajaonarimampianina ne pourra pas briguer un autre mandat. Force est aussi de constater  de plus en plus clairement que l’exécutif ne cherche même plus à cacher le contrôle qu’il exerce sur les deux autres institutions censées lui servir de contre poids. Ce que le régime semble perdre de vue, c’est qu’il est vain de vouloir bâillonner l’opposition. D’une manière ou d’une autre, la voix de la majorité trouvera un moyen de se faire entendre. Ceux qui se sont amusés à négliger cette vérité s’en sont repentis et le régime actuel ne tardera pas à connaitre le même sort s’il persiste dans son entêtement.