Du n’importe quoi

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Deux affaires pendantes dans les tribunaux malgaches attirent l’attention de l’opinion publique : les affaires Mektoub et Bekasy. Ces deux personnalités ont été placées derrière les verrous. Traite de personnes pour le premier et trafic de bois de rose pour le second. Jusqu’à la déclaration de culpabilité par les tribunaux compétents et après épuisement des voies de recours, ils sont toujours présumés innocents. Mais ces affaires prennent une tournure ethnique actuellement. Des associations regroupant des membres issus de leur terre natale exigent leur libération.

Ce genre de revendication ethnique fait partie du paysage politique depuis longtemps. Sans peur ni honte, ils osent exiger la libération de telle ou telle personnalité sans attendre le résultat du procès. Même situation lorsqu’il s’agit d’un remaniement du gouvernement où les fauteuils du Premier ministre et de nombreux ministres vacillent. Du jour au lendemain, des associations de natifs de telle ou telle région manifestent et exigent le maintien de la personne en question, à défaut, que le poste leur revienne droit.

Il ne faudra pas s’étonner de ce genre de  réaction lorsque le remaniement du gouvernement sera effectif. Des associations de natifs réclameront que tel ministre ou le premier ministre soit maintenu à son poste. Ou à défaut, que le ministère revienne à une autre personnalité issue de la même région. Des banderoles sont mêmes brandies dans certaines situations.

Un ancien homme fort du pays et de courte durée verse également dans ce genre de pratique. A titre d’exemple, à l’issue de la proclamation des résultats des concours administratifs, il scrute de près la région d’origine des admis. Si le nombre de concurrents issus de sa région est assez élevé, il adresse une lettre de félicitations à l’école au motif que l’équilibre régional est respectée. Dans le cas contraire, il n’adresse pas de lettre de félicitations.

Face à ce genre de situation, pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué ? Actuellement, sur le plan régional, une Malgache risque une peine très lourde à Maurice. Elle est inculpée pour trafic de drogue. Pourquoi n’y a-t-il pas d’association qui revendique sa libération pure et simple ? Pourquoi l’Etat malgache ne revendique pas que cette Malgache soit jugée par les tribunaux malgaches ? Principe de territorialité des infractions, diraient les juristes.

Sur le plan international, on n’est pas sans savoir qu’un pays en particulier ne laisse jamais ses citoyens être jugés par d’autres tribunaux même si ceux-ci ont commis des infractions dans d’autres pays. Et surtout pas ses militaires même si certains ont commis des infractions très graves dans un pays étranger. Il trouve toujours un moyen de rapatrier ses citoyens pour qu’ils soient jugés par ses propres tribunaux donc par ses propres lois. Tout n’est que question de négociation et de persuasion. Il faut savoir appuyer au bon endroit.

Face à ce genre de situation, l’apprentissage démocratique entre en scène. Qu’un individu vienne de telle ou telle province, qu’il occupe tel poste ou pas, les pratiques démocratiques exigent que tous les individus soient justiciables et soumis  par les mêmes lois. La question d’origine ne compte pas. L’essentiel est de mettre en place un système administratif juste et équitable qui tient compte des valeurs universelles reconnues dans un pays démocratique comme l’accès à une justice équitable, le principe de l’égalité de traitement, etc. Dans le cas contraire, ce sera juste du n’importe quoi !