Faux-amis

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Ce mois de septembre marque la rentrée scolaire. Etudiants comme professeurs, tous âges confondus, affichent un air morose. Pour eux, c’est le début d’une galère longue d’une année, neuf mois plus précisément. Une chose qu’ils ignorent et/ou qu’ils oublient, les résultats sont palpables sur le long terme : un citoyen accompli avec une tête bien pleine et un corps bien fait.
Situation identique chez les députés de Madagascar. Ils ont eu droit à une rentrée avant l’heure depuis hier. Sauf que contrairement aux écoliers, ils étaient tous souriants, certains étant plus ou moins édentés. La raison de ce sourire, la rentrée exceptionnelle. Puisqu’ils sont convoqués exceptionnellement, ils auront droit à un traitement exceptionnel.
Les représentants du peuple auront à discuter et à voter deux projets de loi d’une importance primordiale : sur la cour électorale nationale indépendante et le code de la communication. Les travaux de commission et le vote de ces projets de loi, notamment le premier, ne se feront pas sans coût y afférent. Rien ne se fait de façon gratis dans la basse chambre qu’est la chambre basse.
Tout peut se marchander conformément à un dicton populaire qui dit que tout le monde a un prix. Sauf qu’il est différent en fonction de la position de l’individu dans la hiérarchie sociale, du pouvoir qu’il détient ou de l’information qu’il possède. Le coût d’un Président, d’un Premier ministre, d’un ministre, d’un chef de région, d’un chef de district diffère de celui d’un député.
L’appartenance politique, encore moins idéologique, n’a plus de valeur lorsque des intérêts pécuniaires entrent dans la valse de marchandage. Raison pour laquelle la majorité au sein de l’Assemblée Nationale est aussi variable que les couleurs d’un caméléon qui ne se soucie que de sa petite personne dans l’environnement où il survit. Eh oui, en politique, il n’y a ni amis ni ennemis. Les amis d’hier peuvent devenir les ennemis de demain. Et les ennemis d’hier peuvent devenir les amis d’aujourd’hui. Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina pourront en dire davantage sur ce sujet. Ils seront à même d’avoir des arguments soutenus pendant des heures sur le fait qu’en politique, il n’y a que des faux-amis.
Aux dernières nouvelles, c’est l’ARMADA qui possède la majorité au sein de la chambre basse. Il s’avère ainsi logique que les députés de cette formation apportent des modifications conséquentes au projet de loi sur la nouvelle cour électorale. Mais puisque tout se fait et se défait en fonction des intérêts, monnaie « sonnante et trébuchante » à l’appui, il ne faut pas s’étonner que l’exécutif en sortira vainqueur notamment en ce qui concerne la composition des membres qui penche en faveur de la Présidence. Tout n’est que « persuasion ».