Francophonie

Sérieux dangers de corruption sur près de 62% des marchés publics

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Des Organisations de la Société Civile et Transparency International ont constaté de risques sérieux de corruption dans les marchés publics passés dans le cadre du 16ème sommet de la francophonie. Sur 107 marchés publics qu’elles ont évalués, 62% présentent un danger sérieux de corruption. Le processus dans lequel s’est déroulée la passation de ces marchés est particulièrement critiqué.

Tranparency International et une vingtaine d’organisations de la société civile attirent l’attention des autorités étatiques et celle de l’Organisation Internationale de la Francophonie sur les dysfonctionnements qu’elles ont constatés au niveau de la passation des marchés publics du 16ème sommet de la francophonie. Elles ont entrepris une évaluation systématique et objective de 107 marchés publics qui représentent un budget de 25,6 milliards d’ariary, passés dans le cadre de la réalisation de ce sommet, sur la base d’une méthodologie d’analyse basée sur dix indicateurs. L’évaluation a permis la construction d’un indice de risque de corruption dans les marchés publics. L’application de cet indice de risque de corruption dans les marchés publics montre que 62% de ces marchés présentent un danger sérieux de corruption selon ces OSCs, compte tenu du processus dans lequel s’est déroulée la passation de ces marchés. D’après ces dernières, pour près des deux tiers des marchés, seuls un ou deux prestataires ou fournisseurs ont candidaté à leur obtention. Un chiffre qui démontre une absence évidente de mise en concurrence effective. Elles remarquent également que dans plusieurs cas constatés, le montant du contrat final dépasse largement le montant estimatif initial. C’est le cas, par exemple, du dîner officiel du sommet de la francophonie qui a été attribué à un soumissionnaire unique pour un montant de 297 millions d’ariary, alors que le montant du budget initialement estimé était seulement de 189 millions d’ariary.

Pour plusieurs marchés soulignent par ailleurs ces OSCs, une seule entreprise a candidaté à l’appel d’offre qui lui a, de fait, été attribué d’office. Ces organisations de la société civile expriment ainsi leurs craintes sur l’utilisation qui sera faite des matériels achetés pour le sommet de la francophonie une fois celui-ci réalisé. Elles s‘interrogent sur la ou les sources de financement des marchés publics et sur les montants totaux de ces derniers. Par ailleurs, elles s’interrogent aussi par rapport au faible nombre de soumissionnaires à ces marchés, malgré les opportunités économiques certaines qu’elles représentent pour les opérateurs économiques nationaux. Ces OSCs ont tenu mardi et mercredi un atelier de formation et d’échanges sur le thème des marchés publics à Madagascar. Atelier durant lequel elles ont exigé l’application de la législation par les autorités nationales pour la passation des marchés publics. Elles ont envisagé parallèlement la mise en place d’un observatoire indépendant des marchés publics constitué de la société civile au sens large.