La résistance dans le sang

0

Il est connu, les gens ont peur du changement. Le saut dans l’inconnu, quelque soit le domaine abordé, pose toujours le problème de cette appréhension viscérale. Certaines personnes, malgré cette peur, effectuent le saut et changent leur vie, en mieux ou en mal c’est selon, il paraît que c’est cela le courage. D’autres par contre se laissent submerger par cette peur et restent devant le précipice à le contempler, cherchant en vain cette force qui les poussera à sauter. Ceux -là ne sauront jamais ce qu’il y a de l’autre côté. Certains se retourneront toujours pour se demander ce que cela aurait pu être, d’autres se diront juste tant pis.

Une fois de plus, nous sommes face à cet inconnu avec l’interdiction partielle de l’usage des sacs en plastique. L’habitude ayant la vie dure, les usagers se montrent récalcitrants, le ton commence à monter et les blâmes sortent. Une journée plus ou moins sans sacs plastiques hier. Chacun avait sa façon de la vivre et d’interpréter l’interdiction. Déjà, ce n’est pas ce que l’on pensait.

Dans son inconscient chacun imaginait une journée de fou, aucun sachet sur le marché, que des sacs en papier et les bons vieux paniers en osier, ça aurait été du spectacle. Mais personnellement, et on pense que l’avis est largement partagé, nous n’avons rien trouvé de changé. Les gens se promenaient avec leurs sacs plastiques, les vendeurs avertis sortaient l’excuse de la liquidation pour fournir encore des sachets à leurs clients, les autres vendeurs eux affirmaient tout simplement ne rien savoir de cette interdiction. Et comme nous sommes dans un pays où la méconnaissance de la loi ne tue pas encore…

L’idée qui motive cette interdiction est louable, une cause en faveur de l’environnement est toujours des plus valeureuses. Le problème c’est que nous autres Malgaches, avons une sainte horreur de l’inconnu. Que va-t-il se passer s’il n’y a plus de sacs en plastiques ? Pour nombre d’entre nous ça sonne ridiculement comme une question de vie ou de mort. Que vont devenir ceux qui vivent de la vente de sacs en plastique ? Quelle solution de rechange ? Tout est motif pour incriminer les autorités à l’origine de ce crime.

Il aurait pourtant suffi d’une campagne de sensibilisation plus poussée sur l’importance de l’environnement et la nuisance de ces sacs pour émousser un peu l’appréhension. C’est l’inconnu qui fait peur, c’est l’ignorance qui installe l’inconnu et qui nous fait résister à tout, même à ce qui pourrait nous faire le plus grand bien.