Finis le vendredi joli, le samedi magnifique et le dimanche formidable. Le weekend est terminé, ce qui veut dire que le break est fini. Le temps de l’oisiveté est passé. On est lundi, le jour où normalement le travail commence. Le lundi aussi est le temps de la rétrospective de la semaine passée. Certains font le bilan de la semaine passée. Quel était le point positif ? Quel était l’obstacle qui a empêché l’atteinte de tel objectif ? Mais le lundi est aussi le jour où tout le monde devrait faire une projection de la semaine à venir, du mois à venir, pourquoi pas de l’année prochaine.
Particulièrement, les députés devraient faire la rétrospective de la semaine passée. La semaine passée fut un tournant pour la très très démocratique République de Madagascar. Les représentants du peuple, c’est-à-dire les députés, ont été convoqués par l’exécutif, principe de séparation des pouvoirs oblige, pour une session extraordinaire. Le but, débattre et voter le projet de loi sur la CENI, malgré le fait qu’il y avait déjà eu une proposition de loi. En bon écolier, ils ont fait mine de débattre du projet de loi. Ils ont même fini par le voter sans modification conséquente.
En bon écolier, les députés « de la majorité » qu’ils disaient ont renforcé le pouvoir de l’exécutif à travers le vote et l’adoption du projet de loi sur la CENI. Dans cet organe, le Président de la République désignera son représentant. En tant que président du conseil supérieur de la magistrature et « garant de l’indépendance de la justice », le Chef de l’Etat aura une mainmise sur la désignation du représentant de la HCC et la Cour Suprême. Il aura également son mot à dire sur le futur représentant du Sénat dans cet organe en charge des futures élections. Détenant désormais les ficelles de la majorité au sein de la chambre basse, il contrôlera le représentant de l’Assemblée Nationale au sein de la CENI. Reste plus qu’à voir si l’exécutif se mouillera dans la désignation des représentants de la société civile et des ordres des avocats et des journalistes au niveau de la CENI.
Mais les députés devraient anticiper ce qui va se passer à l’avenir après le vote à l’aveuglette du projet de loi sur la CENI. Ils devraient se demander s’ils ont vraiment fait le bon choix en votant ce projet de loi, donc en soutenant le régime actuel en mal de légitimité. Les députés ont-ils le cœur léger à travers ce vote ? Ont-ils le sentiment de devoir accompli envers le peuple et le pays ? Quoi qu’il en soit, les députés sont responsables des résultats des futures élections dans le pays, c’est-à-dire des régionales, provinciales et présidentielle. Un poids lourd à porter même pour les députés de Madagascar.