Obstination

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Si la Communauté internationale reconnait entretenir des relations avec l’opposition, les dirigeants actuels tant au niveau de l’exécutif que du législatif, s’obstinent dans leur refus de mettre en place  l’opposition officielle dans le pays. La reconnaissance d’une opposition à l’Assemblée nationale s’avère pourtant une nécessité sinon une urgence pour permettre la tenue de débats démocratiques sur ce qui se passe dans le pays.

 Dans une lettre ouverte à la Communauté internationale la semaine écoulée, le parti politique Antoko Malagasy Miara Miainga (MMM) dénonçait la situation politique délétère qui prévaut dans le pays. Dans cette interpellation, le MMM disait notamment : « Jamais la fracture sociale et l’injustice sous toutes ses différentes formes n’ont atteint des profondeurs aussi abyssales. C’est dans ce contexte apocalyptique que les dirigeants s’évertuent avec un cynisme répugnant à ignorer les droits fondamentaux notamment notre liberté de nous opposer à l’imposture et au pillage de nos ressources naturelles, notre liberté de nous exprimer et de nous informer, jusqu’à notre liberté de culte ».

En d’autres termes, le MMM mettait en exergue le mépris des dirigeants à prendre en considération le droit de la population, le droit des partis politiques, le droit des groupes parlementaires légalement constitués à l’Assemblée nationale à s’opposer à  toutes les irrégularités à l’origine de la paupérisation grandissante du pays.

Depuis que le groupe parlementaire VPM/MMM a demandé la nomination d’un chef de l’opposition officielle, les dirigeants ont mis en œuvre toutes les manœuvres possibles pour empêcher cette nomination. L’Assemblée nationale a renvoyé la balle à la Haute Cour Constitutionnelle qui l’a elle-même renvoyée à l’exécutif. Le pouvoir exécutif et le Président de l’Assemblée nationale, font fi de la mise en application de la décision de la HCCC concernant l’urgence  des mesures à prendre pour désigner le chef de l’opposition officielle. Le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif font montre de complicité pour empêcher cette opposition officielle. Pour quelles raisons  quand bien même des représentations diplomatiques étrangères déclarent que la Communauté internationale a des contacts permanents avec l’opposition pour discuter des affaires du pays ?

Pour les observateurs, la réponse à cette question se trouve dans la peur du chef de l’exécutif à débattre avec celui qui sera désigné chef de l’opposition, dans la peur des dirigeants à voir l’inefficacité et l’illégalité de leur gestion des affaires du pays étalées au grand jour. L’opposition pourra mener des investigations concernant les mallettes d’argent distribuées aux députés ou sur les pressions dont les députés d’obédiences politiques différentes font l’objet. L’opposition pourra mener des investigations concernant l’affaire Antsakabary, l’affaire Claudine Razaimamonjy et Riana Andriamandavy, concernant les affaires d’exploitation illégale des richesses minières, l’affaire Soamahamanina, l’insécurité, la Jirama, Air Madagascar, Kraoma et bien d’autres encore. Si la gestion de ces affaires est claire, pourquoi les dirigeants craignent-ils la mise en place d’une opposition officielle à Tsimbazaza ? Si les dirigeants actuels sont si confiants en leur force pour les prochaines élections, il est de leur devoir de mettre en place cette opposition officielle pour que les électeurs puissent véritablement exprimer leur choix quand ils se rendront aux  urnes.