La nouvelle stratégie de la lutte contre la corruption a été signée hier en grandes pompes au Palais d’Etat d’Iavoloha par le Président de la République Hery Rajaonarimampianina et le directeur général du BIANCO Jean Louis Andriamifidy. Tous les discours se sont portés sur le fait que la corruption est un phénomène qui gangrène le pays et qui empêche son développement. Aussi, faut-il le combattre par tous les moyens à disposition, Madagascar étant également un pays souverain, qui plus est un pays où règne l’Etat de droit.
Comme tout le monde s’y attendait, ce n’était que des beaux discours. Des discours bien rédigés et bien ficelé par l’équipe et que n’importe qui peuvent lire devant un parterre de gens. Quand le numéro Un de l’exécutif dit que « Nous avons besoin de dirigeants prêts, de dirigeants qui osent lutter contre la corruption », cela rend encore plus sceptique le simple citoyen. Et lorsqu’il lance un « vibrant appel » à tous les agents de l’Etat peu importe sa position dans la hiérarchie administrative à ne pas lésiner sur les moyens pour combattre ce mal qui empêche le développement, ses propos rendent encore tout le monde perplexe quant à l’aboutissement de cette « lutte acharnée » contre la corruption.
La plus grande difficulté dans la lutte contre ce mal se trouve à l’intérieur du pays. Ce sont les Malgaches qui travaillent au sein même de l’administration qui sont les plus corrompus. Les gendarmes et les policiers qui travaillent dans les rues, en faisant la police de la circulation, qui sont les plus visibles. Dans les taxis brousses, lorsqu’on voit les chauffeurs qui glissent des billets de 1 000 à 3 000 Ariary pour que les policiers ou les gendarmes regardent ailleurs, l’on ne peut que rire au nez de l’annonce en grandes pompes d’hier.
Tout le monde ne peut alors qu’envoyer un appel au secours au numéro chinois Xi Ji Ping qui lutte efficacement contre les tigres et les mouches dans l’empire du milieu. Qui l’eût cru que quelqu’un osera lutter contre la corruption en Chine lorsqu’on sait que rien ne s’obtient facilement sans glisser un sou par ici et par là, surtout lorsqu’on sait également que ce sont les puissants et riches industriels qui sont à l’origine de celle-ci. Le Président malgache a-t-il pris des leçons chez son homologue chinois ? Là encore, l’on ne peut qu’être sceptique notamment face à la venue d’une mission du FMI dans le pays pour négocier 47 millions de dollars de facilité de crédits.
Aussi, le régime Rajaonarimampianina osera-t-il s’attaquer aux magistrats pour donner l’exemple ? En effet, les autres corps comme les militaires, les gendarmes et les policiers, bref les bras armés de la République, attendent d’abord que le ménage soit fait dans le monde de la justice pour pouvoir être justiciable. Pourquoi en effet juger des gendarmes et des policiers lorsqu’on sait qu’aucun magistrat n’a jamais été traduit devant la justice ? Le régime actuel osera-t-il s’attaquer aux ministres quand tout le monde sait qu’aucune décision, qu’aucun contrat de grande envergure, ne peut avoir lieu sans l’accord, verbal ou signé, du ministre ? De toutes les questions posées auparavant, chaque citoyen connait déjà la réponse face à un régime qui n’a de cesse de faire des opérations de charme aux bailleurs de fonds et investisseurs.