Redevabilité, dites-vous ?

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La vie des Malgaches en général a-t-elle évolué depuis l’accession au pouvoir du régime Rajaonarimampianina ? La réponse négative est criante et rien ne semble aller vers une amélioration des conditions de vie. Les dirigeants font montre d’inertie et ne se sentent nullement redevables. Il semble évident que l’amélioration de la vie sociale de la masse ne figure pas dans les priorités de l’Etat. Le plus important reste le renforcement de l’assise instable du régime tant au niveau national qu’international.

A ce jour, le régime en place semble incapable d’établir un quelconque bilan de la situation économique et sociale qui prévaut. Il refuse de jouer le jeu de la transparence. Redevabilité ? il ne connait pas… En attendant, la vie de la majorité des Malgaches empire chaque jour davantage. Un bref bilan fait ressortir que par rapport à 2013, en moins de deux ans et demi, les tarifs de la JIRAMA ont augmenté,  les frais de transport ont augmenté, le carburant a augmenté, le prix de la viande a augmenté, le prix du riz a augmenté, l’ariary a dégringolé, les résultats scolaires sont en baisse, les Malgaches ne peuvent plus se soigner, l’insécurité sans cesse grandissante est omniprésente, le taux de chômage a atteint des proportions inégalées tandis que selon les derniers chiffres de l’INSTAT, la création d’entreprises a régressé. Seule la corruption dans tous les domaines prospère plus que jamais.

Dans ce contexte, les richesses du pays continuent à être cédées à on ne sait trop quel prix. Plusieurs  questions titillent les esprits à ce sujet. Quelles sont les contreparties des licences distribuées par l’Etat à des étrangers ? Combien cela rapporte-t-il à l’Etat et aux collectivités ? Nos dirigeants n’en soufflent mot et continuent à jouer le jeu de l’opacité absolue. Est-il si impossible aux dirigeants actuels d’en dire plus sur les transactions qu’ils font au nom du peuple malgache ? Quelle suite est-elle donnée aux différentes affaires qui ont défrayé la chronique notamment celles des tortues saisies, du bois de rose à Singapour, du cristal volatilisé dans la cour d’un ministère ?

Pourquoi l’Etat tarde-t-il tant à faire parvenir aux communes les subventions devant permettre à leurs maires de mener des actions de développement  alors qu’il se prépare à accueillir un événement d’envergure comme le sommet de la Francophonie. D’ailleurs, quel montant a réellement a été alloué à ce sommet ?

Madagascar vit actuellement dans un Etat de non droit. Si les dirigeants font fi de toute forme de redevabilité envers la population, force est de constater qu’ils commencent à ériger le forcing en mode de gouvernance. L’exemple du forcing à Andohatapenaka fait par le ministère chargé des projets présidentiels et de l’aménagement du territoire, pour récupérer les camions mis en fourrière par la commune d’Antananarivo, en est une démonstration.Forcing également du côté de certains médias partisans du régime où ses thuriféraires, dont certains sont des repris de justice pour délit de droit commun, s’acharnent à vouloir faire passer auprès des téléspectateurs une pilule que ces derniers n’arrivent pas à avaler. Forcing encore au niveau de certaines communes. En effet, si les subventions promises tardent à parvenir dans certaines communes, d’autres font l’objet de menaces et de pressions pour qu’elles transfèrent les fonds sur le compte de tierces personnes.

L’impunité gagne du terrain. Madagascar est loin d’être un Etat de droit. Si les dirigeants entendent remédier au problème, le premier pas est d’admettre cette réalité. La seule issue reste la démission du président de la République actuel afin que les Malgaches puissent choisir la personne qu’ils jugeront digne et susceptible de sortir le pays de cette pauvreté dans laquelle il est enlisé.