Un Etat-parti

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L’élection du sénateur Rivo RAKOTOVAO au poste de président de la chambre haute traduit les calculs politiques des dirigeants. Un acte anticonstitutionnel qui vise à favoriser le chef d’Etat actuel lors de la prochaine présidentielle.

La destitution du président du Sénat n’est pas clairement définie dans la loi fondamentale malgache. L’article 74 de la constitution stipule que :« Le Président de l’Assemblée Nationale et les membres du Bureau sont élus au début de la première session pour la durée de la législature. Toutefois, ils peuvent être démis de leurs fonctions respectives de membres de Bureau pour motif grave par un vote secret des deux tiers des députés. » Par analogie, cet article s’applique également au président du sénat comme l’annonce l’article 85 du même texte. Cependant, concernant Honoré RAKOTOMANANA, aucun motif grave ne lui a été imputé. Ce fait pourrait donc amener à dire que l’ancien président du sénat a été contraint de démissionner pour servir les intérêts des dirigeants. Des intérêts se rapportant aux détails cités dans l’article 46 et 47 de la Constitution. Selon ces articles, le président de la République en exercice doit présenter sa démission soixante jours avant l’élection présidentielle s’il compte se présenter comme candidat, et durant cette période devra être remplacé par le président du sénat.

Rappelons que le chef d’Etat actuel a insisté pour réviser ces deux articles. Toutefois, de nombreux acteurs tant nationaux qu’internationaux se sont dressés contre ce projet, si l’on ne cite que les partenaires de Madagascar tels que le PNUD ou l’Union Européenne. Face à cette levée de boucliers, les dirigeants ont dû faire volte-face et opter pour un plan B. Celui-ci consiste à placer le numéro 01 du parti HVM au poste de président du Sénat, afin que lorsque Hery RAJAONARIMAMPIANINA déposera sa démission, Rivo RAKOTOVAO prendra sa place. Ainsi, le parti politique du pouvoir en place pourra garder le contrôle de la gestion de l’Etat. Selon les observateurs, ces calculs politiques vont également permettre aux dirigeants de se servir de toutes les prérogatives de puissance publique pour l’élection présidentielle de 2018.

Enfreindre les lois ne semble plus poser de problème aux dirigeants, tant que cela leur permet de garder leurs places et de maintenir leurs avantages. L’exemple de l’élection de Rivo RAKOTOVAO à la tête du Sénat en est la preuve concrète. Un acte que de nombreux juristes, hormis les membres de la HCC, n’ont pas hésité à condamner.

En effet, la HCC est restée muette jusqu’à ce jour. Ce gardien de la Constitution n’a émis aucun commentaire concernant l’élection du nouveau président du Sénat, alors que de nombreux juristes qualifient cette élection d’acte anticonstitutionnel.

Ces violations de la loi au vu et au su de tous, sont commis par les dirigeants sensés donner l’exemple. Force est de constater que Madagascar est loin d’être un Etat de droit, il est de plus en plus un Etat-parti…