Après le ministre du commerce, ministre coach de Tamatave, ce fut le tour du ministre des travaux publics Rolland Ratsiraka de se plier à ce qui est devenu une rituelle, faire des cadeaux à la lauréate de l’émission de téléréalité phare du moment. Un billet aller retour pour Orlando en Floride et frais de séjour pour une personne du choix de l’heureuse gagnante. Sans parler de l’argent de poche « en dollars US », tel que le ministre a bien voulu le préciser.
La destinataire des cadeaux l’a sans doute mérité. Ce qui est en train de choquer un peu c’est cet engagement de plus en plus poussé d’hommes d’Etat en faveur d’une personne en particulier alors qu’au niveau de toute une Nation, tout part à vau-l’eau. Qu’on ne s’y trompe pas, n’importe qui et tout le monde peut faire des libéralités avec leurs propres deniers, mais lorsque ce sont des personnes appartenant au gouvernement qui le font, en public et massivement relayée par la presse, ça suscite inévitablement des réactions, des questionnements.
Cette informatisation des services permet une traçabilité de tout ce qui s’accomplit. Le travail de tous les agents est automatiquement enregistré. Il facilite par la même occasion les audits internes ou externes. Une amélioration de la qualité du travail fourni par ce service est donc attendu tant sur le court terme que sur le long terme.
Il n’y a nullement moyen de déterminer d’où proviennent les fonds pour l’entretien de toute cette publicité, est ce que ça vient vraiment des deniers personnels des donateurs ou bien est ce que les deniers publics ont été mis, partiellement ou en totalité, à contribution. Dans le doute, l’opinion publique se complait dans la pensée que tout ceci était aux frais de la princesse, on attend d’être contredit, volontiers. Autant de gâteries pour une seule personne alors qu’il y a 20 000 000 dans un état social lamentable, excusez du peu.
Il n’y a plus de mots pour décrire ce qui se passe au niveau social en ce moment. Abstraction faite de la débandade politique qui n’intéresse plus personne, les gens ne voient que ce qui les touche directement au quotidien, la hausse du prix du riz, le délestage qui enlève à des milliers de travailleurs indépendants le peu d’argent qu’ils réussissent à gagner, la privation pour les fonctionnaires des peu d’avantages qu’ils tiraient de leur statut.
Pour dire qu’étant donné la situation, si ces gentlemen voulaient se faire Grands seigneurs, ils auraient pu avoir la délicatesse de le faire en privé, pas besoin de faire miroiter à des gens affamés et à bout de nerfs ce que le « gouvernement du peuple » peut faire pour une seule personne tandis qu’il est impuissant à résoudre le plus petit des problèmes à l’échelle nationale. Qu’on garde au moins l’illusion que ce gouvernement, faute d’avoir été par le peuple, est au moins pour le peuple.