Vitesse et précipitation

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Les 33 nouveaux membres du Conseil pour la Réconciliation nationale ont été conviés au Palais d’Etat d’Iavoloha la semaine écoulée. A cette occasion, les articles de la Constitution et les lois portant création de ce Conseil ont été ressassés. Qu’en est-il de la mise en place de la Haute Cour de Justice, du conseil économique, social et culturel comme le prévoit la Constitution ?

 Le Conseil pour la Réconciliation nationale vient d’être mis en place comme s’il s’agissait d’une urgence. En un mois, les membres devant constituer ce Conseil ont été nommés. Même leurs suppléants sont connus. Qu’y a-t-il derrière une telle précipitation ?

Ce Conseil compte 33 membres. 22 ont été sélectionnés parmi les candidats. 11 ont été nommés par le chef d’Etat. Mais à quoi vont réellement servir ces 33 membres un an avant l’élection présidentielle ?

La loi 2016- 037  fonde les tâches des membres du CRN sur le concept « Vérité, Justice, Pardon, Réconciliation » et s’adresse notamment à tous les belligérants des crises politiques qui ont eu lieu dans le pays de 2002 à 2009. Or, 90% des membres ont été de près ou de loin touchés par les événements de 2002 et 2009. Ces membres sont juges et partie. Quels genres de vérité et de justice peuvent donc émerger d’une telle situation ?

Cette précipitation à mettre en place le conseil de réconciliation nationale occulte-t-elle des dessous politiques ? Hormis l’utilisation de l’Eglise à des fins politiques que le KMF/CNOE décrie comme étant une violation de la laïcité de l’Etat, ce conseil va-t-il être utilisé pour arguer que la réconciliation nationale n’étant pas achevée, l’élection présidentielle doit être reportée ?  Or, l’urgence  actuellement, pour la majorité- société civile, politiciens, citoyens- est la tenue d’élection présidentielle pour sortir de ce cercle infernal de la corruption et de la mauvaise gouvernance, qui appauvrit la population.

Cette majorité se pose par ailleurs des questions concernant la mise en place du conseil économique, social et culturel et de la Haute Cour de Justice tel que respectivement prévu dans l’article 105 et dans l’article 131 de la Constitution. A moins d’un an de la fin du mandat de 5 années du Président de la République, attendrons-nous indéfiniment des réponses à nos interrogations ?